quinta-feira, outubro 25, 2007
Heranças II
Martin Luther (1943)

... On ne réforme l’Église qu’en souffrant pour elle, on ne réforme l’Église visible qu’en souffrant pour l’Église invisible. On ne réforme les vices de l’Église qu’en prodiguant l’exemple de ses vertus les plus héroïques. Il est possible que saint François d’Assise n’ait pas été moins révolté que Luther par la débauche et la simonie des prélats. Il este même certain qu’il en a plus cruellement souffert, car sa nature était bien différente de celle du moine de Weimar. Mais il n’a pas défié l’iniquité, il n’a pas tenté de lui faire front, il s’est jeté dans la pauvreté, il s’y est enfoncé le plus avant qu’il a pu, avec les siens, comme dans la source de toute rémission, de toute pureté. Au lieu d’essayer d’arracher à l’Église les biens mal acquis, il l’a comblée de trésors invisibles, et sous la douce main de ce mendiant le tas d’or et de luxure s’est mis à fleurir comme une haie d’avril...

L’Église n’a pas besoin de réformateurs, mais de saints. Martin Luther était le réformateur né. Il y a des réformateurs dont le destin tragique nous paraît explicable, Lamennais par exemple. On comprend trés bien que cette corde exagérément tendue se soit brisée sur une note trop haute. Un ancient familier de Pie XI m’a rapporté que ce pape avait une sorte de devotion à la mémoire du pauvre Féli. Sans doute n’aurait-il pas montré la même compassion pour Luther, car ce pape et ce moine inflexibles se ressemblent par trop de points pour avoir jamais eté capables de se prendre l’un l’autre en pitié. Oh! Ce n’est pas que Lamennais ne me paraisse mériter rien d’autre qu’une compassion um peu dédaigneuse. S’il n’eût dépendu que de ce petit Breton infirme, avec as logique poignante, à la fois implacable et tendre, son éloquence naïve et sublime, parfois un peu niaise, et qui fait penser à un beau devoir d’écolier mais écrit avec tout le sang d’un coeur d’homme, l’immense désastre de l’Église avec le monde ouvrier aurait probablement pu être évité. Quand cet homme maigre, noir et voûté, dévoré par la maladie, jetait de son banc à la Chambre, de sa voix caverneuse d’agonisant, le cri prophétique: «Malheur aux pauvres!», il annonçait aussi bien Staline, Hitler, Mussolini ou Franco, que les hommes des monopoles et des trusts, il montrait les grands charniers ouverts. Non! Ce n’était certes pas là un homme sans moyens et sans defense, il était seulement né trop nerveux, trop sensible, avec une vanité de femme ou de poète, il était fait pour le désespoir comme un beau vase pour le liquide qui doit le remplir, il s’est rempli de désespoir jusqu’au bord. Mais lui, Luther, Martin Luther, il était plutôt fait pour la joie, la rude joie du travail ouvrier, du travail quotidien, du fardeau mis sur l’épaule, ou déchargé d’un coup de reins. Oui, c’était un home qui n’avait rien d’un beau vase, mais plûtout un pichet de paysan, un de ces pichets de grossière faïence, couleur de miel, dans lesquels on va tirer au tonneau n’importe quoi, du cidre, de la bière, de l’eau-de-vie. Eh bien, cet home fort n’a pas tenu plus longtemps que l’autre, il s’est afollé lui aussi, on l’a vu prendre le mors aux dents, à la manière d’un cheval de labour qui a mis son gros pied dans um mid de guêpes, il est parti en ruant gauchement des quatre sabots, ventre à terre, et lorsqu’il s’est arête - non pas fatigue, certes, mais pour voir où il était, reprendre son soufflé, flairer ses plaies – la vieille Église était déjà bien loin derrière lui, à une distance immense, incalculable, séparée de lui par toute une éternité, ô rage, ô stupeur, ô déchirante infortune!

… J’ai toujours cru – sans pretender forcer personne à le croire avec moi – que les grands hérésiarques qui ont ravagé l’Église auraient pu aussi bien en devenir la gloire, qu’ils avaient été choisis, séparés, marqués pour un destin extraordinaire, une merveilleuse aventure. Je suis donc logiquement force de croire aussi qu’ils avaient reçu des grâces sans prix, qu’ils les ont dissipés, qu’ils ont jeté au vent, perdu en vaines disputes, des richesses spirituelles immenses, incalculables, qui eussent peutêtre suffi à rassasier pendant des siècles l’innocent chrétienté… On est parfaitment libre d’imaginer que si ce petit Juif nommé Saül n’avait pas roulé un soir, dans la poussière de la route de Damas, son visage ruisselant de honte, de remords, d’amour et de larmes, il aurait finis a vie dans quelque obscure synagogue de village. Mais on est libre également de rêver qu’il eût été l’hérésiarque des hérésiarques, plus redoutable à lui seul que Nestorius, Arius et Luther tout ensemble, cari l était comme le feu même, qui réchauffe ou dévore, purifie ou détruit. Certes, l’épreuve qui a perdu le moine d’Erfurth aurait pu elle aussi le sauver, elle était sa perte ou as gloire. Et lorsqu’on lit certaines pages de sa correspondance – mais quel catholique a jamais lu la correspondande de Luther? Un bom élève des RR. PP. Jésuites croirait sûrement s’y régaler de graudrioles adressées à Catherine de Bor par ce défroqué libidineux – on croit comprendre qu’il n’ignorait rien du dilemme fatal qui dominait as vie et que plues d’une fois, hélas! Au moins au temps de as jeunesse, il a été tenté d’obeir à la douce voix qui parlait à son coeur, le pressait amoureusement de rester humble et docile dans l’accomplissement de sa tâche, comme une petite pierre dans la main du Très-Haut, ramassée hier, rejetée demain. Que disait cette voix? Mon Dieu, il est peut-être trop hardi de se le demander, n’importe!

«Mon fils Martin, murmurait-elle sans doute dans le silence de l’âme, j’ai mis en toi cette amertume, prends garde! C’est avec moi, par moi, en moi que tu souffres du misérable état de mon Église, ne va pas te prévaloir de cette souffrance devant moi. D’autres, qui m’aiment mille fois plus que tu n’es encore capable de m’aimer, ne l’éprouvent pas au même degré, ou l’éprouvent à peine. Ce qui révolte ta conscience leur apparaît seulement comme un rêve, un mauvais rêve, dont ils se détournent quand ils veulent, parce qu’ils vivent dans un autre monde. Mais toi, j’ai marquee fortement ta place dans celui-ci, je t’ai fait d’une matière solide et pesante, un homme charnel. Je te jetterai contre d’autres hommens aussi charnels que toi, faits de la même matière, afin qu’ils sentent la force de tes coups, car c’est par toi que, si tu m’es fidèle, j’ai résolu de briser leur orgueil et de venger mon peuple, dont ils mettent les âmes à l’encan. Ne t’y trompe cependant pas, frère Martin: cette tâche n’est ni la plus grande ni la plus haute, elle est à ta mesure, voilà tout. Je t’ai donné la santé, la force, une eloquence populaire et un genie de la controverse presque égal à celui de mon fils Augustin. Ce ne sont pas là, sache-le bien, les armes préférées de nos saints, elles te serviront seulement à déblayer, arracher, déraciner les souches pourries. Oh! Mon fils Martin! Ce que je t’ai donné n’est rien auprès de ce que je te réserve si tu ne t’échappes pas de mes mains! Pense à mon apôtre Paul, que tu aimes tant. C’était, lui aussi, un homme charnel, violent, téméraire et raisonneur. Comme il m’a fallu déraidir et assouplir son âme: souviens-toi de ce que j’ai dit de lui, dans un songe, à cet Ananie, de Damas. Le pauvre Ananie ne se montrait pas très pressé d’aller trouver Saül, c’était un peu pour lui comme se jeter dans la geule du loup: «Seigneur, je sais quels maux il a fait subir à vos saints, et maintenant il a reçu des Princes des Prêtres le pouvoir d’enchaîner tous ceux qui invoquent votre nom...» J’ai répondu alors: «Va, cari l est un instrument que je me suis choisi, je lui montretai combien il lui faudra souffrir pour moi – quanta oporteat eum pro nomine meo pati...» Pro nomine meo pati... Lorsque vous lisez cela aujourd’hui, vous ne pensez naturellement qu’au bienheureux martyre de Paul, offrant as tête au bourreau. Frère Martin, crois bien qu’il l’a donée de bon coeur, non seulement pour accomplir ma volonté, mais parce qu’il avait beaucoup souffert, qu’il était bien las de vivre et de souffrir. Il y a des hommes, frère Martin, auxquels j’ai accordé de souffrir bien sagement, bien tranquillement, sans se débattre, comme entre les mains du barbier. Mais celui-là, il était fait pour regimber sous l’aiguillon – durum est tibi contra stimulum calcitrare. Il n’y a pas d’aiguillon dont il n’ai éprouvé la pointe, sans excepter celui de la chair, et lorsque je lui ai enfim permis de mourir, il n’avait même plus la force de regimber, il était pareil à un de ces vieux loups solitaires, percés de coups, baignés dans leur sang, qui à chaque nouvelle insulte de l’épieu ne peuvent plus que tourner lentement vers le fer un regard déjà vitreux, mais inflexible. Oh! Après tant de siècles, vous vous faites, vous autres, de cette époque lointaine, une idée bien singulière!... Dès le commencement, mon Église a été ce qu’elle est encore, ce qu’elle sera jusqu’au dernier jour, le scandale des esprits forts, la deception des esprits faibles, l’épreuve et la consolation des âmes intérieures, qui n’y cherchent que moi. Oui, frére Martin, qui m’y cherche m’y trouve, mais il faut m’y trouver, et j’y suis mieux caché qu’on le pense, ou que certains de mes prêtres prétendent vous le faire croire – plus difficile encore à découvrir que dans la petite étable de Bethléem, pour ceux qui ne vont pas humblement vers moi, derrière les Mages et les Bergers. Car c’est vrai qu’on m’a construit des palais, avec des galeries et des péristyles sans nombre, magnifiquemente éclairés jour et nuit, peuplés de gardes et de sentinelles, mais pour me trouver lá, comme sur la vieille route de Judée ensevelie sous la neige, le plus malin n’a encore qu’à me demander ce qui lui est seulement nécessair: une étoile et un coeur pur...»

Antonius Block
posted by @ 1:42 da tarde  
8 Comments:
  • At 25 de outubro de 2007 às 14:00, Blogger Luís Sá said…

    Considero este texto magnífico mas não tenho tempo para o traduzir (não sei até que ponto o conhecimento de francês continua dessiminado entre nós) só tendo conseguido traduzir até metade. Se alguém achar que vale a pena e quiser avançar, ficaria grato!

     
  • At 25 de outubro de 2007 às 17:43, Blogger cbs said…

    gosto do texto.
    aceito dividir com outros e fazer um ou dois parágrafos.
    eu também tenho pouco tempo...

     
  • At 25 de outubro de 2007 às 17:45, Blogger Luís Sá said…

    agora estou no trabalho, quando chegar a casa já ponho aqui a minha parte da tradução e pode-se partir daí :x

     
  • At 26 de outubro de 2007 às 01:37, Blogger Luís Sá said…

    "... Não se reforma a Igreja senão sofrendo por ela, não se reforma a Igreja visível senão sofrendo pela Igreja invisível. Não se reforma os vícios da Igreja senão sendo pródigo no exemplo das suas virtudes mais heroicas. É possível que S. Francisco de Assis não estivesse menos revoltado que Lutero com o deboche e a simonia dos prelados. É mesmo certo que sofreu mais cruelmente, pois a sua natureza era bem diferente da do monge de Weimar. Mas não desafiou a iniquidade, não tentou fazer-lhe frente, mas arremessou-se de encontro à pobreza, enredando-se nela o mais adiante que pôde, com os seus, como na fonte de toda a remissão, de toda a pureza. Em vez de tentar arrancar à Igreja os seus bens mal adquiridos, cumulou-a de tesouros invisíveis, e sob a doce mão desse mendicante a pilha de ouro e de luxúria pôs-se a florir como uma cerca em Abril...
    A Igreja não precisa de reformadores, mas de santos. Martin Luther era um reformador nato. Existem reformadores cujo destino trágico nos parece explicável, Lamennais por exemplo. Compreende-se muito bem que aquela corda exageradamente tensa tenha estalado sob uma nota demasiado alta. Um antigo confidente de Pio XI contou-me que esse papa tinha uma espécie de devoção à memória do pobre Féli. Sem dúvida que não demonstrava a mesma compaixão por Lutero, pois este papa e aquele monge inflexíveis assemelhavam-se em demasiados aspectos para poderem alguma vez ter sido capazes de se ter um ao outro como objecto de piedade. Oh! Não é que Lamennais me pareça merecer qualquer outro tipo de compaixão que não uma compaixão um pouco desdenhosa. Se tivesse dependido desse pequeno Bretão enfermo, com a sua lógica pungente, ao mesmo tempo implacável e terna, a sua eloquência naïve e sublime, por vezes um pouco pueril e que faz lembrar um bom dever escolar mas escrito com todo o sangue de um coração de homem, o imenso desastre da Igreja com o mundo operário teria provavelmente podido ser evitado. Quando esse homem magro, sombrio e enclausurado, devorado pela doença, propelindo-se do seu banco na Câmara, da sua voz cavernosa de agonizante, o grito profético: «Desgraçados dos pobres!», anunciava assim também Estaline, Hitler, Mussolini ou Franco, homens dos monopólios e dos carteis e mostrava as grandes campas abertas. Não! Não se tratava certamente de um homem sem meios e sem defesa, mas tinha somente nascido demasiado nervoso, demasiado sensível, com uma vaidade de mulher ou de poeta, feito para o desespero como um belo vaso para o líquido do qual se deve encher, encheu-se ele de desespero até à borda. Mas Luther, Martin Luther, fora sobretudo feito para a alegria, a rude alegria do trabalho operário, do trabalho quotidiano, do fardo colocado sobre o ombro ou aliviado com um golpe de rins. Sim, era um homem que não tinha nada de belo vaso, mas sobretudo um pichel de camponês, um desses picheis de grosseira faiança, cor de mel, nos quais se vai derramar do tonel não importa o quê, cidra, cerveja ou aguardente."

    Foi o que fiz até agora. Feel free de emendarem o que acharem necessário (o meu francês é algo de muito amador e deriva sobretudo do enorme amor que lhe tenho)

     
  • At 26 de outubro de 2007 às 01:38, Blogger Luís Sá said…

    a tradução é algo livre por vezes mas não é fácil traduzir certos recursos literários...

     
  • At 26 de outubro de 2007 às 06:50, Anonymous Anónimo said…

    Excelente o blog. Alto nível, parabéns

     
  • At 5 de outubro de 2016 às 08:51, Blogger Unknown said…

  • At 27 de fevereiro de 2017 às 07:38, Blogger Unknown said…

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